LE QUEYRAS,
ASPECTS CULTURELS ET HISTORIQUES




Il n'est pas question ici de reprendre en totalité l'histoire du Queyras ni les attraits qu'il propose, étant donné que d'autres sites et de nombreux livres l'ont déjà fait. Je vous propose simplement de prendre connaissance des éléments qui m'ont le plus marqué, d'anecdotes et de données variées qui font toute la couleur et la diversité de cette région.


L'artisanat du bois La république des Escartons
Les fustes Quelques proverbes régionaux



L'artisanant du bois :


L'artisanat du bois était à l'origine essentiellement utilitaire. Beaucoup d'ustensiles de la maison et du travail étaient fabriqués en bois car le métal était rare. Comme les hivers étaient longs, on enjolivait ces objets en les sculptant au couteau. La rosace est l'un des emblèmes du Queyras. On la retrouve en effet partout : sur les plats, les pétrins, mais aussi les lits, les armoires, les coffres, ou encore les portes des maisons, les boites aux lettres...
La rosace figure le soleil et symbolise l'homme. Elle s'entoure parfois d'une spirale : le serpent lunaire, symbole de la femme, source de vie et gardienne de l'immortalité. Cette évoquation universelle dans l'art populaire du Queyras apparaît dès la préhistoire.
Rosace d'une boite aux lettres Porte sculptée à Pierre Grosse
Mais d'autres formes sont sculptées dans le bois en Queyras. On retrouve en particulier les fleurs, comme sur cette jolie porte d'une maison de Pierre Grosse. Le bois utilisé est essentiellement le pin cembro. Il est en effet plus tendre à sculpter et présente une jolie couleur rouge.


La République des Escartons :


Dès le Moyen-Age, les communes du Queyras décidèrent de se constituer en Escarton : il s'agissait de regrouper plusieurs villages afin d'affronter ensemble les problèmes qu'une commune isolée n'aurait pu assumer seule. Les problèmes en question pouvaient être des difficultés naturelles (sécheresse, inondations, épidémies...) ou humaines (guerres, invasions...). La République des Escartons regroupait cinq escartons dans la région : 2 en France ( le Queyras et Briançon) et 3 actuellement en Italie (autour de Oulx, du Pragela et de Château Dauphin). Ils étaient régits par une charte approuvée par le Roi. La charte fut signée en 1343 par le Dauphin Humbert II ( lire le texte complet de la charte ).
L'escarton du Queyras regroupait 7 communes : Abriès, Aiguilles, Arvieux, Château Villevieille, Molines, Ristolas, Saint Véran. En 1721, il fut décidé que les réunions se dérouleraient dans une salle spécialement aménagée à Château Villevieille. Dans cette salle se trouvait une "garde robe", un gros meuble qui comportait 8 serrures. Chacun des chefs de commune en avait une, et la huitième était celle du secrétaire général. Ainsi, on ne pouvait l'ouvrir que lorsque les sept représentants et leur secrétaire étaient tous présents.
La charte des Escartons dispensaient ces communes de nombreux impôts. Mais en retour, celles-ci devaient prendre les décisions en matière de gestion. Ce sont les habitants eux-même qui entretenaient leurs chemins, faisaient les travaux de réfection, de déneigement, qui gardiennaient leur bétail et venaient en aide aux nécéssiteux. Des consuls étaient nommés pour les affaires de justice, la police et la gestion des forêts.
En 1713, les escartons d'Oulx, du Pragela et de Château Dauphin furent cédées au Duc de Savoie et devinrent donc piémontais. Les escartons de Briançon et du Queyras perdurèrent jusqu'à la révolution française. Ils furent alors rattachés à la nouvelle république. Mais les Queyrassiens, attachés à l'esprit de l'escarton, ont recréé en 1967 un syndicat intercommunal, organisation commune aux villages et hameaux du Queyras.


Les fustes :


Une fuste à Saint Véran
La fuste (du latin fustis=poutre, bois), c'est l'habitat traditionnel queyrassien. Il ne reste malheureusement plus beaucoup de ces très typiques bâtisses dans la région car les nombreux incendies ont eu raison de ces maisons de bois. Mais il reste tout de même plusieurs villages présentant encore cette architecture, en particulier Molines en Queyras et son hameau Pierre Grosse, et Saint Véran.
Maintenant objet de curiosité touristique, il faut savoir que la fuste avait évidemment auparavant une fonction utilitaire aux queyrassiens. Tout d'abord, décrivons la maison queyrassine du début du XXème siècle : il y avait tout d'abord l'étable et l'habitation au rez-de-chaussée. Ces deux parties étaient très liées, quand les habitants n'habitaient pas carrément avec leurs bêtes. En effet, l'hiver étant très rude on profitait par tous les moyens de la chaleur dégagée par les animaux. Le rez-de-chaussée était généralement à moitié enterré dans la pente, encore une fois pour des raisons de conservation de la chaleur. Au dessus, se tenait la fuste. Il s'agit en fait à la fois d'une grange et d'un fenil. Jusqu'en 1950, on les construisait donc en bois de mélèze. Cela permettait ainsi au vent de passer au travers et de fournir une excellente aération. Cette aération était nécessaire car la saison chaude est si courte à ces altitudes (1700 à 2000 mètres)et les orages si fréquents, que bien souvent le foin était rentré sans avoir pu être séché complètement. Il y avait alors de gros risques de fermentation et d'incendie. La fuste servait aussi à conserver l'approvisionnement des hommes durant les périodes hivernales (de 7 à 9 mois). L'exposition de la façade au sud améliorait encore le séchage. Sur cette même façade, on plaçait plusieurs balcons qui servait au séchage du linge et des gerbes de céréales (celles-ci étaient bien souvent coupées encore vertes). Le balcon inférieur, nommé "lobbio" était le seul à être doté d'un plancher fixe, les autres n'ayant que des claires-voies mobiles.
A l'intérieur, au rez-de-chaussée, se trouvait une pièce centrale, "la court", pavée de rondins de mélèze enfoncés dans le sol. Si vous visitez Saint-véran, le musée installé dans la maison nommée "Le Soum" montre encore ce plancher particulier. "Le Soum" signifie "extrémité" en patois. Cette maison est située à l'extrémité nord d'un des quartiers de Saint Véran. N'étant pas attenante au village, elle a ainsi été épargnée par les nombreux incendies au fil des siècles. Elle est ainsi la plus vieille maison de Saint-Véran car sa construction date de 1641.
De nos jours, de nombreuses fustes ont été réaménagées pour en faire des habitations. Les balcons sont maintenant fixes et permettent au habitants de profiter du soleil d'été. Mais en cherchant bien dans les hameaux de la vallée de l'Aigue Agnelle, on peut encore trouver des fustes dans leur allure originelle.


Quelques proverbes régionaux :


Voici quelques proverbes en dialecte qui continuent de se transmettre dans les veillées :


Qui ben saro ben abro : Qui ferme bien ouvre bien

Lou ben voula n'a jamais prospera : Le bien volé n'a jamais prospéré

La poula qui cacarléo n'ai pas a quello qua faiche l'uo : La poule qui caquette n'est pas celle qui a fait l'oeuf

Va may l'argein d'espargne qué tout l'or d'Espagno : Mieux vaut l'argent d'épargne que tout l'or d'Espagne

La fai bon basti de la peyra de soun luo : Qu'il fait bon bâtir avec les pierres de son pays







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