En quittant Guillestre, il ne faut pas faire beaucoup de distance
pour comprendre la nature du Queyras : c'est un pays qui se mérite... La route mène rapidement le long d'une
falaise rocheuse, dans les Gorges du Guil. On ne mesure pas la chance que nous avons en ces temps modernes.
La route est maintenant balisée, longée de parapets bien sécurisants... Mais du temps des diligences, il
n'était pas rare qu'un morceau du chemin disparaisse sous les coups de boutoir du Guil en furie lors des crues,
et alors c'était toute la région qui était coupée du monde, le temps que des hommes courageux creusent à
nouveau la roche.
Les gorges s'élargissent très vite, et déjà deux chemins se présentent à nous, au lieu-dit " La Maison du Roy "
. A droite, la route part en montant vers la vallée de Ceillac. Laissons-la pour l'instant, et continuons la
route le long du Guil. Il est toujours encadré par les falaises, sur une dizaine de kilomètres, mais la vision
sur le ciel est plus large.
De nouveau, un choix s'offre au voyageur. A gauche, la route part vers Arvieux et le col d'Izoard.
C'est un morceau du Queyras que je connais encore peu, et que nous allons mettre de côté. Continuons tout droit,
en remontant le cours du Guil. Voici qu'au détour d'un virage, une forteresse perchée sur son éperon rocheux nous
toise : c'est le château fort de Château Queyras, gardien de la Haute Vallée du Guil. Une visite de ce village
s'impose, car c'est ici que nous avons rendez-vous avec nos premiers cadrans solaires.
Il est fort probable que le premier château construit ici date du XIème siècle. Il servait à protéger la vallée
des pillards venus de Provence. Au XVIIème siècle, il fut réaménagé par Vauban pour barrer la vallée de la Durance
aux troupes venues du Piémont. C'est à ce moment que l'église du village fut détruite et remplacée par l'église
actuelle. Celle-ci menaça à plusieurs reprises de s'effondrer et ce n'est qu'après de nombreux travaux qu'on y
installa en 1841 le cadran solaire qu'on peut y admirer aujourd'hui. Il est de bel aspect car sa restauration
date de 1958 et comporte deux devises, une en latin et l'autre en français :