"Ainsi va le temps, ainsi va la vie"


Abandonnons Aiguilles, et dirigeons-nous maintenant vers Abriès. Cette ville a joué un rôle économique capital pour le Queyras par le passé, car elle servait d'étape sur la route de l'Italie, mais aussi de l'Allemagne et de la Suisse. Détruite de nombreuses fois par les incendies, certaines de ses façades recèlent pourtant encore de vieux cadrans solaires.
Le plus marquant est sans aucun doute celui de l'église. De grande taille, il date de 1821 et a été restauré par Rémy Potey en 1990. Celui-ci a parfaitement restitué l'esprit religieux de ce cadran, avec ses couleurs sobres mais vives, ses décorations à caractère pieux et les devises très explicites :
" Il est plus tard que vous ne croyez " ;
" Sit nomen domini Jesu benedictum in secula " : " Que le nom du Seigneur Jésus soit béni dans les siècles " ;
" Laudabile nomen domini " : " Digne de louange est le nom du Seigneur " ;
" Vita fugit sicut umbra " : " la vie s'enfuit comme une ombre ".
Eglise d'Abriès
Cadran et cadranier au Roux d'Abriès
A partir d'Abriès, on peut accéder par une petite route sinueuse à un hameau caché sur un flan ensoleillé entre deux bouts de montagne. Il s'agit du Roux d'Abriès, que tout amateur de cadrans se doit de visiter. Ici, pas de cadrans anciens, mais en revanche l'une de ses maisons comporte deux cadrans peints par un artiste italien. Le premier, orienté presque au Sud, est traditionnel. C'est autour du second, orienté à l'Ouest, que réside la surprise. En effet le cadranier s'est amusé à se peindre en trompe-l'œil sur le mur, en train d'exécuter son œuvre, et je dois dire que l'effet est particulièrement réussi. Tout y est, y compris l'ombre de l'artiste sur le mur !

Un second cadran, réalisé par Rémy Potey en 1997 orne la façade d'un chalet en contrebas. Il est à la fois très sobre et très beau, évoquant Le Bric Bouchet, sommet queyrassien, et la faune régionale. La devise résume parfaitement l'esprit du cadran : " La montagne est belle, elle se mérite ".
Un autre cadran au Roux d'Abriès
En reprenant le cours du Guil, on arrive enfin au dernier village de la vallée, nommé Ristolas. De construction récente car détruit entièrement à plusieurs reprises par le passé, il ne possède plus de cadran ancien. Mais Rémy Potey est passé par là, et a laissé sa signature sur le clocher de l'église. C'est un grand cadran de 2,80 mètres de haut et 1,80 mètre de large, peint en 1996. Un bouquetin y trône fièrement devant le Mont Viso (qui ferme la vallée d'où jaillit les eaux du Guil) et le ciel d'un joli bleu. Sa devise est écrite en patois local : " ané lou tens, ané la vito " ce qui signifie " ainsi va le temps, ainsi va la vie ".


Clocher de Ristolas
Cadran du Queyr de l'Ours
Il est amusant de noter que le village italien de Grissolo, de l'autre côté de la frontière, a fait exécuter par Rémy Potey un cadran ressemblant beaucoup à celui-ci. Enfin, allez vous désaltérer à l'auberge du Queyr de l'Ours. Vous pourrez admirer sur sa façade un étonnant ours en bois, qui porte sur son ventre un cadran solaire.
Vous arrivez alors au bout de la vallée du Guil. Au delà, il ne reste que quelques maisons sans cadrans. Cependant, je vous conseille de ne pas faire demi-tour et de continuer pour faire une excursion à la découverte du Mont Viso (3 841 m). C'est une montagne vraiment magnifique. De récentes inondations en l'an 2000 ont malheureusement bouleversé le fond de la vallée et les sentiers qui menaient aux belvédères. Mais un chemin forestier permet cependant d'accéder à pied à un joli point de vue moyennant une petite heure de marche.



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